In.Your.Dreams

* L'art de l'inutilité *

Vendredi 8 octobre 2010 à 11:34

Chapitre 6

Je n’avais plus d’excuse, le déchargement était fini,  et je ne pouvais pas faire semblant de me changer indéfiniment, j’avais même terminé d’installer le nouveau matériel de Lily et j’étais plutôt fière du résultat, ses phrases étaient plus cohérentes et elle assimilait parfaitement la conjugaison.
Je m’énervais, je ne comprenais pas, qu’est-ce qui clochait chez moi? Quand Noah était en face de moi, cela m’était désagréable, mais depuis qu’il était rentré sans demander son reste, ça me rongeait de l’intérieur, j’avais cette envie irrésistible de le voir, de savoir ce qu’il faisait, ce qu’il pouvait bien penser… il me hantait, j‘étais hantée! Je ne pensais qu’à lui,  et plus en tant que petit garçon qu’il était autrefois, mais en tant qu’homme, un homme magnifique… Bon sang! Ce n’était que physique d’accord,  si ça se trouve, il était complètement idiot, et je le détesterais, ou mieux, il me serait totalement indifférent.
Je sursautais quand on vint frapper à ma porte, j’envoyais Lily, c’était  Jaydn qui voulait me faire une blague comme à son habitude, il était invisible et voulait entrer furtivement dans la chambre et espionner tous mes faits et gestes, mais Lily le détecta rapidement, on ne peut pas tromper une machine, surtout quand cette machine a un détecteur de chaleur intégré.
«  Jaydn nous fait l’honneur de sa visite maîtresse !
- Tu n’es pas drôle Lily!
- Oh mais si je le suis. »
Je devrais penser à revoir le sens de l’humour de Lily.
«  Tu étais vraiment là alors! qu’est-ce que tu fais? 
- Eh bien, je travaille tu vois.
- Tu n’es même pas venu nous dire bonjour à ton arrivée. »
Jaydn me fit sa petite moue irrésistible dont sa sœur et lui avaient le secret, ses petits yeux gris semblaient réellement triste et je lui fit un câlin pour me faire pardonner. Mais il avait raison, je n’avais vu personne depuis que le vaisseau était rentré, cela suffisait! Je n’allais pas me laisser intimider par ce jeune blondinet.
«  Tu as raison petit chou,  je vais descendre tout de suite. »
Je ne descendais pas pour le revoir, mais pour saluer mes amis. Je me surprenais à me recoiffer avant d’entrer dans la salle principale.
Le petit ebalt descendit rapidement les escaliers et couru rejoindre sa sœur qui jouait avec Cloud et Aerith, c’est deux là formaient définitivement un beau couple, quand est-ce que ce jeune écervelé allait-il s’en rendre compte! Il avait beau être plus grand que moi désormais, je comptais bien le disputer dès que l’occasion se présenterait!
Involontairement, je recherchais dans la salle une chevelure blonde aux reflets étranges, et je la trouvai, il était occupé à discuter avec Gwlysis, que pouvait-elle bien lui dire? Elle le charmait ça il n’y avait aucun doute, c’était facile à deviner, et Podoj les regardait d’un air mauvais.
«  Chichia! »
Elya cria mon nom, enfin, ce qui était censé être mon nom, depuis l’autre bout de la salle, tous se retournèrent alors, comment avais-je pu délaisser ma famille à cause d’une petite appréhension envers un jeune humain? Je m’approchais de l’enfant en souriant franchement et la pris dans mes bras.
«  Oh comme tu m’as manquée ma petite chérie! Comme tu es belle! tu as encore grandi toi, oui oui oui! »
Tout le monde devenait complètement gaga devant cette enfant, moi la première, mais c’était bien plus drôle quand c’était Barret qui lançait des « guiliguili » et de « zougouzougou » à tout bout de champs. Malgré tout, la sensation désagréable me reprenait, j’étais trop proche de lui,  j’avais beau faire tout mon possible pour oublier sa présence, rien n’y faisait. Il n’y avait que lui.
«  Alicia! »
Je tournais la tête instinctivement à l’appel de mon prénom et rencontrais son regard, ce fut comme un coup de couteau en pleine poitrine, mais ce n’était pas lui, c’était Gwlysis qui m’appelait.
Je devais me reprendre, pourquoi est-ce que je réagissais ainsi? Tous mes membres, tous mes sens, jusqu’aux poils de mes bras étaient tournés vers lui. J’ignorais ces sensations déroutantes, rendais le bébé à sa mère, non sans chougner, et m’approchais de mon amie:
«  Oui »
Je me forçais à sourire, pourquoi me forçais-je d’ailleurs, ça m’était égal que ce garçon me trouve antipathique, qu’il me déteste autant que je le détestais à ce moment là, mais, non, je ne le détestais pas, c’était moi, lui n’avait strictement rien fait.
«  Noah s’intéresse à tout ce qui touche de près ou de loin aux eudiques, tu pourrais lui parler un peu de ton espèce non? »
Mais enfin, de quoi se mêlait-elle? Que pouvais-je répondre à ça? Je détestais parler de moi, encore plus de mes origines, ce jeune en savait certainement plus à ce sujet que moi. Mon sourire s’estompa rapidement. Je ne pouvais clairement pas répondre non, je n’avais aucune envie de répondre oui. Mais, il me regardait en souriant gentiment, c’était comme une supplication, ses grands yeux me regardant fixement et attendant désespérément une réponse positive.
« Ecoutez-moi tout le monde! »
Sauvée par Barret.
«  J’ai une annonce à faire! »
J’en profitais pour m’esquiver ce que j’espérais être furtivement et m’enfuis dans la pièce voisine, la partie véritablement cuisine de la maison, parce que, sous ses traits d’agence de livraison, l’Elya était réellement une maison, MA maison. Depuis quand devions-nous nous cacher dans sa propre maison? Je n’entendais rien de l’annonce de Barret, mais, Lily me montrerais ça plus tard. Pour le moment, je devais me reprendre, Noah me faisait perdre tous mes moyens pour une raison inconnue, j’en devenais ridicule. Noah. Noah. Qu’avait-il de différent par rapport aux autres? Je respirais profondément, me tenant à l’évier. Réfléchir. Je ne ressentais envers lui aucun mépris, il m’inspirait même confiance, je ne le connaissais pas, mais je savais qu’il était tout à fait sympathique. Mon instinct me trompait rarement, ce garçon ( je devais continuer de le voir comme un garçon ) était tout à fait charmant, un enfant charmant. Ça n’avait rien à voir avec sa personnalité vu que dès notre première rencontre je sentis la même chose, en nettement moins flagrant cela dit… ça amplifiait. Peut-être arriverais-je à m’y habituer avec le temps, d’après ce que j’en avais compris, il allait rester là pendant un certain temps et je ne pouvais pas l’éviter indéfiniment, peut-être que j’arriverais à faire en sorte qu’on ne soit jamais seuls dans la même pièce. Mais, si ça amplifiait, alors ce serait de pire en pire, je ne pourrais pas demander à Barret de le renvoyer chez lui, ce serait donc moi qui partirait, je demanderais à créer un autre bâtiment de l’Elya, pourquoi pas sur Polumbia, ils viendraient me voir quand ils voudraient et… Qu’est-ce que je faisais? Non, fuir n’était pas une solution, je devais d’abord découvrir comment ôter cette sensation, ou au moins l’atténuer, je ne savais même pas si elle était bonne ou mauvaise, elle était seulement nouvelle et ingérable.
Soudain, j’entendis un bruit sourd de l’autre coté de la porte, la machine à choix? Pourquoi l’avoir sorti? Je décidais alors d’aller voir ce qui se passait, remettant mes réflexions à plus tard.

Vendredi 8 octobre 2010 à 11:35

Chapitre 7

«  Ecoutez-moi tout le monde! J’ai une annonce à faire! »
On voyait clairement un air soulagé sur son visage, qu’avais-je bien pu lui faire? Cela ne cessait de me torturer depuis que j’étais sorti du hangar, elle avait mis une heure à redescendre, le temps que nous mangions, je me faisais assaillir de question. D’où venais-je, que faisais-je, qu’aimais-je, qu’étudiais-je, aimais-je le ragout de Maria, étais-je content d’être là, n’étais-je pas trop triste, comment allais-je ? Je répondais aux questions sans trop réfléchir. Gwlysis était celle qui me parlait le plus, elle feignait de s’intéresser à ce que je répondais, mais il était indubitable qu’elle flirtait. Podoj n’avait pas l’air ravi de voir ça, il n’avait que peu d’amitié pour moi cela s’était vu au premier coup d’œil, et voilà qu’il était jaloux. Ça ne me gênait pas, j’avais l’habitude de ce genre de regards noirs, ils m’avaient suivis de la maternelle à l’université. Toutes les jeunes filles que j’avais rencontré jusque là ne me jugeait que par mon physique et étaient charmées si j’avais le malheur de leur sourire. Lucas avait le même problème, mais, si cela m’exaspérait, lui en profitait. Bien sûr cela était un avantage quand l’une d’elle me plaisait et aucune ne m’a rejeté, seulement, ça n’avait jamais été profond. Gwlysis était très jolie, mais elle parlait de façon vulgaire, faisant exprès d’énerver Podoj, elle riait fort, encore plus quand elle ne comprenait pas ce que je disais. Elle ramenait tout à sa petite personne et n’avait pas vraiment de conversation. Cependant, je continuais à lui sourire, à sourire à Podoj, à tout le monde, je me sentais bien dans cet endroit, je ne pensais plus à ma famille, Lucas était en vie, j’en étais certain, mes parents ne l’étaient plus, cela ne faisait qu’une semaine et pourtant je n’étais plus triste, je savais que j’allais découvrir ce qui s’était passé ce jour-là, je devais juste être patient, devenir plus fort. Non, je n’y pensais plus, pour la simple raison que je ne pensais qu’à une chose: Elle.
Si bien que je ne l’ai pas vue arriver, ce n’est que lorsque le bébé s’est mise à l’appeler que je me rendis compte de sa présence. Elle semblait ravie de revoir la petite, fit un petit signe à tout le monde et se dirigea en souriant vers le bébé, bras tendus. C’était un vrai sourire, un que je n’avais jamais vu, c’était certain, je voulais réellement voir tous ses sourires, toutes ses émotions, voir son kyklos changer de couleur.
«  Tu m’écoutes Noah? »
Non, je ne l’écoutais plus.
«  C’est Alicia que tu regardes comme ça? »
Gwlysis fit une petite moue jalouse. Bien sûr que je la regardais.
«  Pourquoi? Ne suis-je pas aussi belle si ce n‘est plus? Est-ce que ce que je dis ne t‘intéresse pas? »
Elle avait raison, ce qu’elle disait ne m’intéressait pas, mais elle se trompait largement si elle pensait être plus jolie. Il suffisait d’une seule de ses apparitions pour que je ne vois qu’elle, qu’est-ce que cela sera quand nous pourrions avoir une réelle conversation tous les deux. Discuter avec une eudique, ça, ça m’intéresserait.
«  C’est que, je n’avais jamais vu une vraie eudique avant. Je m’intéresse à tout ce qui touche de près ou de loin à cette race surprenante. »
À ma grande surprise, elle l’appela, et, oh comble du bonheur, elle vint. Gwlysis lui répéta presque mot pour mot ce que je venais de lui dire, cette fille n’avait décidément aucune personnalité. Mais, malgré tout, j’étais ravi qu’elle se charge de lui demander à ma place, j’allais peut-être avoir la discussion que je voulais. Quelle déception quand je vis son petit sourire timide s’estomper à l’écoute de cette question, elle ne voulait pas, elle ne m’appréciait pas. Je me détestais, j’avais sûrement dût faire quelque chose d’offensant. C’est alors que Barret avait pris la parole, avant qu’elle ne puisse clairement dire sa réponse, bien que cela semblait lui enlever un poids. Le temps d’un regard furtif vers Barret et elle avait disparu, Cloud nous regardait depuis l’autre bout de la pièce, et à son regard, j’en déduisis qu’elle était dans la pièce adjacente. J’allais la rejoindre quand Barret dit mon nom. Il parlait de moi, il me présentait à tous officiellement. Je devais reporter notre entrevue à un autre moment, j’avais tout mon temps après tout, je ne comptais pas partir de sitôt, mais j’étais réellement impatient. Barret racontait un peu mon histoire, il faudrait que je fasse attention à ne pas lui révéler quelque chose de trop personnel, il n’avait pas la langue dans sa poche et n’avait pas l’air de savoir garder un secret. Il divaguait un peu en racontant quelques anecdotes, il avait vraiment l’art de raconter les histoires, les plus jeunes étaient tout ouïes et s’esclaffaient à chaque rire de Barret, même s’ils ne comprenaient pas tout. Il en vint finalement au but, il voulait que je devienne un membre à part entière de l’équipe, mais avant tout, je devais faire mes preuves… ce que j’en pensais lui importait peu à vrai dire. Il fallait donc m’entraîner et m’apprendre la magie. Je fus légèrement vexé, je savais utiliser ma magie, je savais me défendre! Mais, Barret ne l’entendait pas de cette oreille, il organisait déjà un emploi du temps pour les entraînements, 22heures par jour, sur une journée de 37heures, ça faisait beaucoup! Je savais utiliser mon pouvoir bon sang! Je n’avais pas besoin d’autant.
«  Pour savoir qui va se charger de notre nouvel ami, nous allons tirer au sort. »
De mieux en mieux, je devenais la corvée de quelqu’un. Gwlysis me fixait en souriant, je ne pourrais pas tenir 22h d’affilée avec elle, surtout pas tous les jours. Je voyais Podoj faire de même lui aussi, se délectant à l’avance de me faire subir les pires tourments pour se venger de lui avoir pris la fille sur laquelle il avait jeté son dévolu ( il ne voulait pas l’avouer, mais tout le monde le savait ). Au final, Barret pris une espèce de machine étrange qui ressemblait à un vieux casque, il appuya sur un bouton et après un boucan monstre un petit papier sorti d’une petite fente. C’est à ce moment qu’Alicia sortit de sa cachette, elle croisa mon regard, interrogateur.
«  Tu tombes bien Alicia! C’est toi qui gagne! »
Il y eut une petite rumeur dans la salle. Cloud me fusillait du regard, elle ne comprenait pas ce qui se passait, Lily semblait totalement heureuse, et moi, je n’en revenais pas. 22 heures par jours. J’aurais tout le temps d’apprendre à la connaître, cela me paraissait peu soudainement. De sa petite voix fluette elle demanda:
«  J’ai gagné quoi? »


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