In.Your.Dreams

* L'art de l'inutilité *

Vendredi 8 octobre 2010 à 11:28

Chapitre 4

Je me réveillai dans une salle blanche que je ne reconnaissais pas, où étais-je?
«  Bonjour Noah, est-ce que ça va? Vous arrivez à bouger? »
D’où venait cette voix? Je n’arrivais pas à tourner la tête dans sa direction.
«  Qu’est.. »
Aïe!
«  Ne vous forcez pas, les médicaments n’ont pas encore tous fait effets, vous avez de nombreuses blessures, dont de très graves, vous retrouverez l’usage de votre cage thoracique d’ici quelques heures. Ne vous forcez pas à parler, nous avons ici un médecin télépathe qui saura nous dire ce que vous souhaitez sans avoir besoin d’ouvrir la bouche. »
Je voulais me retourner, voir qui me parlait, c’était une voix d’homme.
«  Il veut vous voir, il se demande qui vous êtes. »
Une voix de femme désormais, certainement la télépathe. Le médecin se déplaça pour apparaître devant moi, il était un peu bedonnant et l’air assez antipathique, ce qui était contraire à sa façon de parler, la femme quant à elle était petite et blonde avec un petit air mesquin étrange, ce même air qu’ont tous les télépathes d’ailleurs. Mais bon sang que s’était-il passé? Où était Lucas? Et mon père? Et ma mère?
«  Il demande ce qui est arrivé à sa famille.
- Votre famille a subie une attaque extra-terrestre, des inspecteurs attendent devant votre chambre pour vous interroger sur cet attentat. »
Attentat? Attaque? Inspecteurs?
«  Vous êtes prêts à les recevoir? »
Je ne comprenais rien à ce qui se passait.
«  Il l’est. »
Non, pas vraiment, rah ces télépathes!  Deux hommes en costume sombre entrèrent.
«  Êtes-vous bien monsieur Perry Noah, terrien ayant le pouvoir naturel, étudiant sur la planète Terre et vivant dans la 29ème division de la planète Terre, dans le secteur 23, au numéro 502 de la rue du 36 août de l’an 34? Fils de Perry John, anthropologue au musée du secteur 12 ayant la magie de nutrition, et Perry Marie, femme au foyer ayant la magie de téléportaTion et frère de Perry Lucas, étudiant sur la planète Tosca et détenteur de la magie de téléportaTion? »
Le gouvernement était toujours bien informé,  peut-être trop, nous n’étions que des numéros pour eux, ils ne se rendaient même pas compte du nombre de répétitions qu‘ils disaient dans une même phrase. J’essaie de faire un petit signe de tête mais une douleur fulgurante m’en empêcha.
«  C’est bien lui. Répondit la télépathe à ma place.
- Nous avons relevé ses empreintes, il s’agit bien de lui. Continua le médecin. »
Je devais rêver, ce n’était pas possible, c’était une mauvaise blague?
«  Est-ce que vos parents avaient des ennemis? Ou votre frère? Ou vous-même?
- Non, pas qu’il sache.
- Réfléchissez bien, vos parents n’avaient réellement personne d’extra-terrestre qui voudrait les nuire? »
Mes parents étaient les personnes les plus aimables que je connaissais, mais j’ignorais si mon frère n’avait pas offenser un de ses camarades de classe avec ses railleries et son caractère rebelle.
«  Laissez-moi passer ! Je suis de la famille! »
Une énorme voix se fit entendre dans le couloir de l’hôpital, il arriva dans la chambre tel un boulet de canon et je crus un instant que la porte allait se briser. Apparut alors devant moi un géant au teint chocolat et aux cheveux grisonnants,  l’homme de la photo, avec à la place de son bras droit une sorte d’arme métallique.
«  Laissez ce petit tranquille! Il vient de subir un choc émotionnel important! Et il est claire qu’il ne sait rien! Cria-t-il à qui voulait bien l’entendre.
- Qui êtes vous monsieur? Vous connaissez cet homme?
- Je répondrais moi-même à toutes vos questions, laissez-le se reposer et s’il se souvient de quoi que ce soit, il vous en fera part. »
Voyant que je commençais à fatiguer, ils l’écoutèrent et tous partirent, mais avant de quitter la pièce, le médecin grassouillet me donna une dose d’analgésique qui devait faire office de somnifère puisque je m’endormis aussitôt.
A mon réveil le géant noir était à mes cotés, je réussissais à articuler quelques mots:
«  Que s’est-il passé?
- Tes parents sont morts Noah, on a retrouvé leurs cadavres hier, on cherche encore le corps de ton frère, nous espérons simplement qu’il a pu se téléporter rapidement dans un endroit sûr. Tu es peut-être leur prochaine cible, on doit donc te protéger jusqu’à ce qu’on découvre qui a fait ça. On les trouvera petit, je te le jure. N’hésite pas à me le dire si quoi que ce soit te revient.
- Vous êtes qui au juste?
- Ahah! Tu ne te souviens pas de moi hein! T’étais qu’un petit gosse après tout! »
Son ton était nettement moins sérieux qu’à la phrase précédente, cet homme devait être une personne joviale de nature.
«  Je suis Barret! Le plus vieil ami de tes parents, ils m’ont nommé comme tuteur légal de leurs deux bambins s’il leur arrivait malheur, va savoir pourquoi! Donc, les fédéraux m’ont appelés, tu as peut-être la majorité mais si tes parents voulaient que je m’occupe de toi, alors je le ferais! Au moins jusqu’à ce que je sois sûr que tout aille bien ! »
Nous avons continué à discuter de mes parents, de lui, de moi, de sa vie, il m’offrait un endroit où dormir et en échange je devais travailler pour lui dans son agence de livraison intergalactique.
« Ahah! Si tu acceptes mon offre, tu pourras la voir de tes propres yeux ! »
Voilà ce qu’il répondit quand je lui parlais de l’eudique, même si je n’avais pas l’intention de refuser au départ, ceci me persuada complètement de le suivre.
Il s’était occupé de tous les papiers, il devait effectuer une livraison dangereuse et ne pouvait donc pas venir me chercher à l’hôpital mais se chargeait de m’envoyer quelqu’un. Un certain Cloud.

Vendredi 8 octobre 2010 à 11:30

Chapitre 5

Cloud était le jeune garçon de la photo, il avait toujours la même coupe de cheveux hérisson ce qui me permit de le reconnaître facilement, mis à part ça, il était nettement plus grand, le visage d’enfant ayant laissé place à celui d’un adulte. Il était accompagné d’une jeune femme aux longs cheveux auburn du nom d’Aerith. Lui avait la magie de la force et elle celle de l’empathie.
Il me prêta quelques vêtements et nous partîmes avec leur vaisseau. L’hôpital m’avait remis avant mon départ une boîte contenant ce que je portais à mon arrivée, les vêtements étaient immettables,  mais je retrouvais la photo de moi et de la fille eudique presque intacte. J’en profitais pour me renseigner auprès de mon chauffeur.
Il m’apprit qu’elle s’appelait Alicia, qu’elle avait le pouvoir extraordinaire de plagier n’importe quel pouvoir,  et me raconta ce dont il se souvenait du jour où la photo a été prise. Comme quoi il y eu un problème avec son pouvoir et le mien, il m’expliqua également la raison pour laquelle nous avions l’air gênés sur la photo, étrangement, cette révélation là me fit sourire.
«  Oh! Alicia a eu les cheveux aussi longs que les miens? S’étonna Aerith, elle a eu raison de les couper, elle avait vraiment l’air d’une gamine à l’époque, c’était quand?
- Il y a une quinzaine d’année maintenant. Répondit Cloud.
- Ah, si seulement je pouvais garder le même physique pendant 15ans moi aussi. »
Je ne comprenais pas, si cette jeune fille sur la photo était déjà à l’époque plus âgée que Cloud, aujourd’hui elle devait avoir dans la trentaine.
«  Alicia ne vieillit pas, une faculté eudique je suppose, à l’époque elle avait près de 25 ans.
- Ce qui lui en fait 40 maintenant! Et dire qu’elle est encore plus belle aujourd’hui, c’est totalement injuste. »
C’était difficile à concevoir, comment pouvait-elle être plus jolie que sur la photo?
Nous arrivâmes rapidement sur Gardinia, là où se trouvait la base générale de l’Elya, l’entreprise de Barret.  C’était un bâtiment de deux étages mais qui s’étalait sur des dizaines de kilomètres. Nous fûmes accueillis par une petite dame de la cinquantaine aux cheveux de jais tenant dans ses bras un petit bébé métissé aux mêmes cheveux que sa mère,  des jumeaux ebalts d’une dizaine d’année l’accompagnaient aussi, j’appris plus tard qu’il s’agissait de Jaydn et Haghël , frère et sœur ayant tout deux le pouvoir d’invisibilité. La petite dame, Maria,  épouse de Barret et également maman d’Elya, m’amena dans une immense pièce qui semblait être à la fois une salle à manger, une salle de réunion et une cuisine, je cherchais désespérément Alicia des yeux, déçu quand je vis qu’elle n’était pas là. Maria me conduisit à l’étage, il n’y avait qu’un tout petit couloir avec une dizaine de portes, elle m’en ouvrit une qui donnait sur une chambre immense, plus adaptée au mot appartement qu’au mot chambre, elle m’expliqua que le reste de l’équipe était avec Barret en expédition, que je devrais attendre un peu avant de les rencontrer, deux jours tout au plus.
Lily m’aidait à passer le temps, avec elle j’oubliais presque la triste raison de ma venue sur Gardinia, elle était extraordinaire, c’était un petit robot unique, elle avait la forme d’une femme robot, en miniature, elle voletait partout à une vitesse incroyable, elle avait un écran placé sur le ventre et contenait une mémoire plus étendue que celle de 100 humains, elle filmait en continue ce qu’elle « voyait », elle m’expliqua toutes ses fonctionnalités et je fus fasciné par son intelligence artificielle, elle m’expliqua également que sa maîtresse venait de trouver le moyen de la faire parler et même de la faire penser comme tout être vivant, une âme artificielle. Elle aimait passionnément sa créatrice et je savais que je n’allais pas tarder à ressentir la même chose.
Lily me parlait de l’eudique sans cesse, j’en apprenais de plus en plus sur elle, et plus j’en savais, plus je l’admirais, elle avait cette faculté de créer toute sortes d’objet, c’était elle qui avait fait le bras de Barret alors qu’elle avait tout juste 10ans. Avec le temps elle ne cessait de le réinventer encore et encore pour qu’il soit le plus utile possible tout en étant facilement malléable.
Elle m’impressionnait, je voulais vraiment la revoir au plus vite et je fus ravi d’apprendre leur arrivée, elle avait été prématurée d’une journée. Lily s’enfuit alors telle une furie pour les accueillir, Barret était le premier à entrer dans le grand salon, se jetant immédiatement sur sa fille pendant que les jumeaux s’accrochaient à ses jambes, derrière lui se trouvait une jeune fille aux cheveux châtains, j’eus un petit pincement au cœur en voyant cette chevelure, mais ce n’était pas elle, celle-ci était certes jolie, mais n’avait pas ce je-ne-sais-quoi qu’avait Alicia. Elle cherchait quelqu’un des yeux, on l’avait prévenu de ma présence puisqu’elle vint à ma rencontre dès qu’elle m’aperçut.
«  Salut! Je suis Gwlysis ! Ravie de te rencontrer enfin! Barret ne nous avait pas menti à ton sujet! »
J’ignorais ce que Barret ait pu lui raconter, mais j’espérais que c’était quelque chose de bien. Derrière elle apparu alors un homme qui ressemblait fortement à un mannequin bodybuildé, je devinais qu’il venait de Sodquos de par sa peau étrangement dorée, il avait l‘air contrarié en me voyant.
«  Già! Moi c’est Podoj! »
Je lui rendais son salut, impatient de voir la personne que j’attendais nerveusement. Mais elle n’arrivait pas, je commençais à m’inquiéter quand Cloud distança ma question:
«  Où est Alicia? »
Elle déchargeait, seule, le vaisseau, je décidais alors qu’un peu d’aide serait la bienvenue et m’aventurais à sa rencontre, mon cœur battait à tout rompre devant la porte du hangar, j’entendais de la musique à l‘intérieur, j’entrai alors et vit Lily entrain d’effectuer quelques rondes dans les airs, la musique s’échappait de ses minuscules enceintes et pourtant s’étendait dans tous le hangar qui devait bien faire deux kilomètres de long. Lily me fit un petit signe tout en continuant sa danse, elle était très heureuse que sa créatrice soit rentrée. Soudain, elle se retourna vers moi et dit :
« Que se passe-t-il maîtresse? »
Je ne comprenais pas, où était-elle? Lily en avait profité pour éteindre la musique.
«  Où est-elle Lily? »
C’est alors qu’elle apparu, j’avais l’habitude que mon frère et ma mère se téléporte sans cesse devant moi dans des moments inattendus, je ne sursautai donc pas quand elle le fit.
«  Bonjour ! »
Elle me salua en souriant, le même petit sourire que sur la photo de groupe, gentil, sa voix était comme chantante, elle ressemblait étrangement à la voix de Lily, la version non-robotisée.
«  Bonjour Alicia. Ça  fait longtemps n’est-ce pas. Tu… »
Aerith avait raison, elle était encore plus belle qu’autrefois, ses cheveux coupés au carrés lui allaient à merveille, ses yeux étaient encore plus scintillants que sur la photo et ce petit Kyklos violet … comment avais-je pu l’oublier.
« Tu n’as pas changé. »
Elle ne répondait rien, elle m’avait certainement oublié elle aussi, je ne m’étais même pas présenté, elle me fixait avec un drôle d’air, se demandant surement ce que je faisais là.
«  Maîtresse, vous vous souvenez de Noah? Il a amené une photographie de vous, il était petit garçon, c’était amusant! »
Lorsqu’elle entendit mon nom, j’eus l’impression qu’elle se renfrogna, elle se souvenait? Lui avais-je fait une mauvaise impression la dernière fois?
«  Bien, tu devrais retourner à l’intérieur avec tout le monde, je vous rejoins bientôt. »

Vendredi 8 octobre 2010 à 11:34

Chapitre 6

Je n’avais plus d’excuse, le déchargement était fini,  et je ne pouvais pas faire semblant de me changer indéfiniment, j’avais même terminé d’installer le nouveau matériel de Lily et j’étais plutôt fière du résultat, ses phrases étaient plus cohérentes et elle assimilait parfaitement la conjugaison.
Je m’énervais, je ne comprenais pas, qu’est-ce qui clochait chez moi? Quand Noah était en face de moi, cela m’était désagréable, mais depuis qu’il était rentré sans demander son reste, ça me rongeait de l’intérieur, j’avais cette envie irrésistible de le voir, de savoir ce qu’il faisait, ce qu’il pouvait bien penser… il me hantait, j‘étais hantée! Je ne pensais qu’à lui,  et plus en tant que petit garçon qu’il était autrefois, mais en tant qu’homme, un homme magnifique… Bon sang! Ce n’était que physique d’accord,  si ça se trouve, il était complètement idiot, et je le détesterais, ou mieux, il me serait totalement indifférent.
Je sursautais quand on vint frapper à ma porte, j’envoyais Lily, c’était  Jaydn qui voulait me faire une blague comme à son habitude, il était invisible et voulait entrer furtivement dans la chambre et espionner tous mes faits et gestes, mais Lily le détecta rapidement, on ne peut pas tromper une machine, surtout quand cette machine a un détecteur de chaleur intégré.
«  Jaydn nous fait l’honneur de sa visite maîtresse !
- Tu n’es pas drôle Lily!
- Oh mais si je le suis. »
Je devrais penser à revoir le sens de l’humour de Lily.
«  Tu étais vraiment là alors! qu’est-ce que tu fais? 
- Eh bien, je travaille tu vois.
- Tu n’es même pas venu nous dire bonjour à ton arrivée. »
Jaydn me fit sa petite moue irrésistible dont sa sœur et lui avaient le secret, ses petits yeux gris semblaient réellement triste et je lui fit un câlin pour me faire pardonner. Mais il avait raison, je n’avais vu personne depuis que le vaisseau était rentré, cela suffisait! Je n’allais pas me laisser intimider par ce jeune blondinet.
«  Tu as raison petit chou,  je vais descendre tout de suite. »
Je ne descendais pas pour le revoir, mais pour saluer mes amis. Je me surprenais à me recoiffer avant d’entrer dans la salle principale.
Le petit ebalt descendit rapidement les escaliers et couru rejoindre sa sœur qui jouait avec Cloud et Aerith, c’est deux là formaient définitivement un beau couple, quand est-ce que ce jeune écervelé allait-il s’en rendre compte! Il avait beau être plus grand que moi désormais, je comptais bien le disputer dès que l’occasion se présenterait!
Involontairement, je recherchais dans la salle une chevelure blonde aux reflets étranges, et je la trouvai, il était occupé à discuter avec Gwlysis, que pouvait-elle bien lui dire? Elle le charmait ça il n’y avait aucun doute, c’était facile à deviner, et Podoj les regardait d’un air mauvais.
«  Chichia! »
Elya cria mon nom, enfin, ce qui était censé être mon nom, depuis l’autre bout de la salle, tous se retournèrent alors, comment avais-je pu délaisser ma famille à cause d’une petite appréhension envers un jeune humain? Je m’approchais de l’enfant en souriant franchement et la pris dans mes bras.
«  Oh comme tu m’as manquée ma petite chérie! Comme tu es belle! tu as encore grandi toi, oui oui oui! »
Tout le monde devenait complètement gaga devant cette enfant, moi la première, mais c’était bien plus drôle quand c’était Barret qui lançait des « guiliguili » et de « zougouzougou » à tout bout de champs. Malgré tout, la sensation désagréable me reprenait, j’étais trop proche de lui,  j’avais beau faire tout mon possible pour oublier sa présence, rien n’y faisait. Il n’y avait que lui.
«  Alicia! »
Je tournais la tête instinctivement à l’appel de mon prénom et rencontrais son regard, ce fut comme un coup de couteau en pleine poitrine, mais ce n’était pas lui, c’était Gwlysis qui m’appelait.
Je devais me reprendre, pourquoi est-ce que je réagissais ainsi? Tous mes membres, tous mes sens, jusqu’aux poils de mes bras étaient tournés vers lui. J’ignorais ces sensations déroutantes, rendais le bébé à sa mère, non sans chougner, et m’approchais de mon amie:
«  Oui »
Je me forçais à sourire, pourquoi me forçais-je d’ailleurs, ça m’était égal que ce garçon me trouve antipathique, qu’il me déteste autant que je le détestais à ce moment là, mais, non, je ne le détestais pas, c’était moi, lui n’avait strictement rien fait.
«  Noah s’intéresse à tout ce qui touche de près ou de loin aux eudiques, tu pourrais lui parler un peu de ton espèce non? »
Mais enfin, de quoi se mêlait-elle? Que pouvais-je répondre à ça? Je détestais parler de moi, encore plus de mes origines, ce jeune en savait certainement plus à ce sujet que moi. Mon sourire s’estompa rapidement. Je ne pouvais clairement pas répondre non, je n’avais aucune envie de répondre oui. Mais, il me regardait en souriant gentiment, c’était comme une supplication, ses grands yeux me regardant fixement et attendant désespérément une réponse positive.
« Ecoutez-moi tout le monde! »
Sauvée par Barret.
«  J’ai une annonce à faire! »
J’en profitais pour m’esquiver ce que j’espérais être furtivement et m’enfuis dans la pièce voisine, la partie véritablement cuisine de la maison, parce que, sous ses traits d’agence de livraison, l’Elya était réellement une maison, MA maison. Depuis quand devions-nous nous cacher dans sa propre maison? Je n’entendais rien de l’annonce de Barret, mais, Lily me montrerais ça plus tard. Pour le moment, je devais me reprendre, Noah me faisait perdre tous mes moyens pour une raison inconnue, j’en devenais ridicule. Noah. Noah. Qu’avait-il de différent par rapport aux autres? Je respirais profondément, me tenant à l’évier. Réfléchir. Je ne ressentais envers lui aucun mépris, il m’inspirait même confiance, je ne le connaissais pas, mais je savais qu’il était tout à fait sympathique. Mon instinct me trompait rarement, ce garçon ( je devais continuer de le voir comme un garçon ) était tout à fait charmant, un enfant charmant. Ça n’avait rien à voir avec sa personnalité vu que dès notre première rencontre je sentis la même chose, en nettement moins flagrant cela dit… ça amplifiait. Peut-être arriverais-je à m’y habituer avec le temps, d’après ce que j’en avais compris, il allait rester là pendant un certain temps et je ne pouvais pas l’éviter indéfiniment, peut-être que j’arriverais à faire en sorte qu’on ne soit jamais seuls dans la même pièce. Mais, si ça amplifiait, alors ce serait de pire en pire, je ne pourrais pas demander à Barret de le renvoyer chez lui, ce serait donc moi qui partirait, je demanderais à créer un autre bâtiment de l’Elya, pourquoi pas sur Polumbia, ils viendraient me voir quand ils voudraient et… Qu’est-ce que je faisais? Non, fuir n’était pas une solution, je devais d’abord découvrir comment ôter cette sensation, ou au moins l’atténuer, je ne savais même pas si elle était bonne ou mauvaise, elle était seulement nouvelle et ingérable.
Soudain, j’entendis un bruit sourd de l’autre coté de la porte, la machine à choix? Pourquoi l’avoir sorti? Je décidais alors d’aller voir ce qui se passait, remettant mes réflexions à plus tard.

Vendredi 8 octobre 2010 à 11:35

Chapitre 7

«  Ecoutez-moi tout le monde! J’ai une annonce à faire! »
On voyait clairement un air soulagé sur son visage, qu’avais-je bien pu lui faire? Cela ne cessait de me torturer depuis que j’étais sorti du hangar, elle avait mis une heure à redescendre, le temps que nous mangions, je me faisais assaillir de question. D’où venais-je, que faisais-je, qu’aimais-je, qu’étudiais-je, aimais-je le ragout de Maria, étais-je content d’être là, n’étais-je pas trop triste, comment allais-je ? Je répondais aux questions sans trop réfléchir. Gwlysis était celle qui me parlait le plus, elle feignait de s’intéresser à ce que je répondais, mais il était indubitable qu’elle flirtait. Podoj n’avait pas l’air ravi de voir ça, il n’avait que peu d’amitié pour moi cela s’était vu au premier coup d’œil, et voilà qu’il était jaloux. Ça ne me gênait pas, j’avais l’habitude de ce genre de regards noirs, ils m’avaient suivis de la maternelle à l’université. Toutes les jeunes filles que j’avais rencontré jusque là ne me jugeait que par mon physique et étaient charmées si j’avais le malheur de leur sourire. Lucas avait le même problème, mais, si cela m’exaspérait, lui en profitait. Bien sûr cela était un avantage quand l’une d’elle me plaisait et aucune ne m’a rejeté, seulement, ça n’avait jamais été profond. Gwlysis était très jolie, mais elle parlait de façon vulgaire, faisant exprès d’énerver Podoj, elle riait fort, encore plus quand elle ne comprenait pas ce que je disais. Elle ramenait tout à sa petite personne et n’avait pas vraiment de conversation. Cependant, je continuais à lui sourire, à sourire à Podoj, à tout le monde, je me sentais bien dans cet endroit, je ne pensais plus à ma famille, Lucas était en vie, j’en étais certain, mes parents ne l’étaient plus, cela ne faisait qu’une semaine et pourtant je n’étais plus triste, je savais que j’allais découvrir ce qui s’était passé ce jour-là, je devais juste être patient, devenir plus fort. Non, je n’y pensais plus, pour la simple raison que je ne pensais qu’à une chose: Elle.
Si bien que je ne l’ai pas vue arriver, ce n’est que lorsque le bébé s’est mise à l’appeler que je me rendis compte de sa présence. Elle semblait ravie de revoir la petite, fit un petit signe à tout le monde et se dirigea en souriant vers le bébé, bras tendus. C’était un vrai sourire, un que je n’avais jamais vu, c’était certain, je voulais réellement voir tous ses sourires, toutes ses émotions, voir son kyklos changer de couleur.
«  Tu m’écoutes Noah? »
Non, je ne l’écoutais plus.
«  C’est Alicia que tu regardes comme ça? »
Gwlysis fit une petite moue jalouse. Bien sûr que je la regardais.
«  Pourquoi? Ne suis-je pas aussi belle si ce n‘est plus? Est-ce que ce que je dis ne t‘intéresse pas? »
Elle avait raison, ce qu’elle disait ne m’intéressait pas, mais elle se trompait largement si elle pensait être plus jolie. Il suffisait d’une seule de ses apparitions pour que je ne vois qu’elle, qu’est-ce que cela sera quand nous pourrions avoir une réelle conversation tous les deux. Discuter avec une eudique, ça, ça m’intéresserait.
«  C’est que, je n’avais jamais vu une vraie eudique avant. Je m’intéresse à tout ce qui touche de près ou de loin à cette race surprenante. »
À ma grande surprise, elle l’appela, et, oh comble du bonheur, elle vint. Gwlysis lui répéta presque mot pour mot ce que je venais de lui dire, cette fille n’avait décidément aucune personnalité. Mais, malgré tout, j’étais ravi qu’elle se charge de lui demander à ma place, j’allais peut-être avoir la discussion que je voulais. Quelle déception quand je vis son petit sourire timide s’estomper à l’écoute de cette question, elle ne voulait pas, elle ne m’appréciait pas. Je me détestais, j’avais sûrement dût faire quelque chose d’offensant. C’est alors que Barret avait pris la parole, avant qu’elle ne puisse clairement dire sa réponse, bien que cela semblait lui enlever un poids. Le temps d’un regard furtif vers Barret et elle avait disparu, Cloud nous regardait depuis l’autre bout de la pièce, et à son regard, j’en déduisis qu’elle était dans la pièce adjacente. J’allais la rejoindre quand Barret dit mon nom. Il parlait de moi, il me présentait à tous officiellement. Je devais reporter notre entrevue à un autre moment, j’avais tout mon temps après tout, je ne comptais pas partir de sitôt, mais j’étais réellement impatient. Barret racontait un peu mon histoire, il faudrait que je fasse attention à ne pas lui révéler quelque chose de trop personnel, il n’avait pas la langue dans sa poche et n’avait pas l’air de savoir garder un secret. Il divaguait un peu en racontant quelques anecdotes, il avait vraiment l’art de raconter les histoires, les plus jeunes étaient tout ouïes et s’esclaffaient à chaque rire de Barret, même s’ils ne comprenaient pas tout. Il en vint finalement au but, il voulait que je devienne un membre à part entière de l’équipe, mais avant tout, je devais faire mes preuves… ce que j’en pensais lui importait peu à vrai dire. Il fallait donc m’entraîner et m’apprendre la magie. Je fus légèrement vexé, je savais utiliser ma magie, je savais me défendre! Mais, Barret ne l’entendait pas de cette oreille, il organisait déjà un emploi du temps pour les entraînements, 22heures par jour, sur une journée de 37heures, ça faisait beaucoup! Je savais utiliser mon pouvoir bon sang! Je n’avais pas besoin d’autant.
«  Pour savoir qui va se charger de notre nouvel ami, nous allons tirer au sort. »
De mieux en mieux, je devenais la corvée de quelqu’un. Gwlysis me fixait en souriant, je ne pourrais pas tenir 22h d’affilée avec elle, surtout pas tous les jours. Je voyais Podoj faire de même lui aussi, se délectant à l’avance de me faire subir les pires tourments pour se venger de lui avoir pris la fille sur laquelle il avait jeté son dévolu ( il ne voulait pas l’avouer, mais tout le monde le savait ). Au final, Barret pris une espèce de machine étrange qui ressemblait à un vieux casque, il appuya sur un bouton et après un boucan monstre un petit papier sorti d’une petite fente. C’est à ce moment qu’Alicia sortit de sa cachette, elle croisa mon regard, interrogateur.
«  Tu tombes bien Alicia! C’est toi qui gagne! »
Il y eut une petite rumeur dans la salle. Cloud me fusillait du regard, elle ne comprenait pas ce qui se passait, Lily semblait totalement heureuse, et moi, je n’en revenais pas. 22 heures par jours. J’aurais tout le temps d’apprendre à la connaître, cela me paraissait peu soudainement. De sa petite voix fluette elle demanda:
«  J’ai gagné quoi? »


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